Cette page présente comment créer et utiliser une partition chiffrée destinée à héberger du contenu confidentiel. Cette partition n'est qu'une partition de donnée (autrement dit elle ne contient pas de fichiers nécessaire au systeme) et n'a pas pour but d'être montée automatiquement au démarrage. Ce volume chiffré ne sera donc utilisable qu'une fois certains opérations réalisées manuellement, voir suite.
Cette installation sera comme d'habitude réalisée sur debian stable (squeeze a l'heure ou j'écris ces lignes) mais devrait être adaptable facilement a d'autres distributions.
apt-get install cryptsetup
lvcreate -n dataz -L 150G vg0
Pour accroître la sécurité de cette partition chiffrée il est recommandé de pré-remplir cette partition avec des données aléatoires qu'il ne soit pas aisé de déterminer ou sont stockées les données chiffrées physiquement sur le disque. Plusieurs méthodes s'offrent a vous, par exemple de la plus rapide (mais moins efficace) à la plus efficace (mais aussi la plus lente ) :
J'ai choisi d'utiliser /dev/urandom pour remplir cette partition de données aléatoires, en utilisant la commande suivante :
dd if=/dev/urandom of=/dev/vg0/dataz
# dd if=/dev/urandom of=/dev/vg0/dataz dd: écriture vers « /dev/vg0/dataz »: Aucun espace disponible sur le périphérique 314572801+0 enregistrements lus 314572800+0 enregistrements écrits 161061273600 octets (161 GB) copiés, 49342,9 s, 3,3 MB/s
La clef de chiffrement (en particulier sa longueur) dépend de l'algorithme de chiffrement utilisé. Nous allons partir sur un chiffrement AES disponible par défaut sous debian.
Après avoir chargé le module qui-va-bien (ici sur une machine 64 bits, sinon utiliser “modprobe aes”) :
modprobe aes_x86_64
Vous devriez pouvoir vérifier quels algos sont disponibles et quelles longueurs de clefs sont possibles avec la commande suivante :
cat /proc/crypto
qui devrait vous afficher un résultat similaire à :
[...] name : aes driver : aes-asm module : aes_x86_64 priority : 200 refcnt : 1 selftest : passed type : cipher blocksize : 16 min keysize : 16 max keysize : 32 [...]
La longueur de clef maximum utilisable en AES est donc de 32 octets, soit 256 bits. Nous allons donc utiliser une clef de 256 bits qui est donc la longueur maximale utilisable ici.
Le but est ne ne pas stocker la clef de facon permanente sur le serveur. Pour cela nous allons créer une partition temporaire en RAM, et y stocker la clef uniquement le temps d'effectuer les opérations qui la nécessitent. j'ai choisi de créer cette partition temporaire dans /root/tmpfs , adaptez les chemins suivants au besoin.
echo "tmpfs /root/tmpfs tmpfs defaults 0 0" >> /etc/fstab
mount /root/tmpfs
La clef de 32 octets (256 bits) sera générée aléatoirement grace à /dev/urandom :
dd if=/dev/urandom of=/root/tmpfs/luks_dataz.key bs=32 count=1 chmod 600 /root/tmpfs/luks_dataz.key
Nous avons donc maintenant tout ce qu'il faut pour créer la partition chiffrée a l'aide de cryptsetup . Le cipher retenu est donc aes-cbc-essiv:sha256, vous pouvez vous assurer que votre version de cryptsetup permet bien de l'utiliser (par défaut sous debian) grâce a la commande “cryptsetup –help”. Si ce n'est pas le cas il vous faut recompiler cryptsetup pour ajouter le support du cipher choisi.
La commande a utiliser est :
cryptsetup --verbose --cipher "aes-cbc-essiv:sha256" --key-size 256 --key-file /root/tmpfs/luks_dataz.key luksFormat /dev/vg0/dataz
qui devrait vous donner un résultat similaire à (il vous faut confirmer en tapant “YES”) :
# cryptsetup --verbose --cipher "aes-cbc-essiv:sha256" --key-size 256 --key-file /root/tmpfs/luks_dataz.key luksFormat /dev/vg0/dataz WARNING! ======== Cette action écrasera définitivement les données sur /dev/vg0/dataz. Are you sure? (Type uppercase yes): YES Opération réussie.
Il faut tout d'abord ouvrir le conteneur luks en utilisant la clef. Le dernier argument est le nom que vous souhaitez donner pour accéder la partition qui sera disponible en tant que /dev/mapper/$NOM :
cryptsetup luksOpen --key-file /root/tmpfs/luks_dataz.key /dev/vg0/dataz dataz
Vous pouvez vérifier le bon fonctionnement de ceci avec la commande
ls -als /dev/mapper/dataz
qui devrait vous retourner quelque chose comme :
# ls -als /dev/mapper/dataz 0 lrwxrwxrwx 1 root root 8 9 sept. 15:58 /dev/mapper/dataz -> ../dm-13
La présence de la clef temporairement stockée sur le serveur n'est maintenant plus nécessaire, vous pouvez la supprimer, par exemple en “détruisant” le tmpfs :
umount /root/tmpfs
Il est maintenant temps de :
mkfs.ext3 /dev/mapper/dataz
mkdir /mnt/dataz mount /dev/mapper/dataz /mnt/dataz
Voila, ce volume chiffré est maintenant prêt a être utilisé.
Si vous voulez cesser de l'utiliser, il faut :
umount /dev/mapper/dataz
cryptsetup luksClose dataz
Pour pouvoir a nouveau l'utiliser, il faudra donc :
mount /root/tmpfs
cryptsetup luksOpen --key-file /root/tmpfs/luks_dataz.key /dev/vg0/dataz dataz
mount /dev/mapper/dataz /mnt/dataz
shred /root/tmpfs/luks_dataz.key rm /root/tmpfs/luks_dataz.key
umount /root/tmpfs